Dans ce texte profondément personnel et introspectif, nous explorons comment raviver notre énergie et notre clarté à mi-parcours de l’année, non pas par une motivation forcée, mais en cultivant un élan porteur de sens.

Écrit dans le sillage du décès de mon frère, cet article mêle réflexion personnelle et enseignements en leadership, offrant des outils concrets pour avancer lorsque l’énergie fléchit et que le besoin de sens devient vital.

Une lecture précieuse pour quiconque cherche à retrouver clarté, résilience et direction.

Réflexion de mi-année : quand la motivation semble hors de portée

Il y a quelque chose dans le milieu de l’année qui invite naturellement à la pause. On évalue le chemin parcouru, on ajuste les objectifs… et parfois, on ressent la lourdeur d’un élan perdu.

Pour moi, ce bilan à mi-parcours s’est teinté d’un poids particulier. En juin, j’ai perdu mon frère. Dans cette brume silencieuse, je n’étais pas motivé. Je ne cherchais pas d’astuces de productivité, ’essayais simplement de me retrouver.

Ce n’était pas seulement une perte personnelle. C’était un séisme intérieur sur ma manière de percevoir le temps, l’intention et l’impact.
Les objectifs ont pris une autre couleur. Le succès a commencé à ressembler davantage à un héritage qu’à une destination.

Le piège de la motivation

Juillet arrive souvent avec une énergie mitigée : des objectifs à moitié atteints, des batteries à moitié vides.
Nous nous répétons qu’il faut retrouver la motivation pour redémarrer, mais la motivation est capricieuse. Elle varie selon l’humeur, la fatigue, les circonstances.

Les neurosciences nous rappellent que l’action précède le ressenti. Poser un premier petit geste, même sans élan complet, peut relancer le mouvement. Comme un muscle se renforce par l’usage, notre sentiment d’agir se renforce par l’effort.

• Une étude publiée dans Psychological Science (2010) a montré que se demander « Vais-je le faire ? » améliore les performances de près de 25 % par rapport à l’affirmation « Je vais le faire », soulignant que la motivation intrinsèque naît souvent de la curiosité intérieure plutôt que de la simple déclaration.
• Le célèbre « test du marshmallow » nous rappelle que la volonté seule est fragile, profondément influencée par le contexte.

Micro-élan : petits gestes, grands changements

Quand l’énergie est basse ou que le deuil pèse lourd, il faut abaisser le seuil d’action :

• Ne rédigez pas tout le rapport, écrivez un seul paragraphe.
• Ne planifiez pas toute la campagne, notez trois idées.
• Ne réorganisez pas tout votre emploi du temps, protégez une seule heure de concentration.

Ces micro-actions créent un rythme. Le rythme crée l’élan.
On cesse d’attendre d’être prêt ; on devient celui ou celle qui avance malgré tout.

La chercheuse Teresa Amabile de Harvard (2011) a démontré, dans son Progress Principle, que de petits progrès constants dans un travail porteur de sens augmentent la motivation, l’engagement et la créativité.

De la réflexion à l’héritage : redéfinir le “pourquoi”

Après la disparition de mon frère, j’ai cessé de me demander « Que suis-je en train de faire ? » pour lui préférer « Pourquoi est-ce que je le fais ? ».

Mon frère était un oncologue exceptionnel, qui s’est beaucoup sacrifié pour sa vocation. Cela m’a conduit à revisiter mes propres sacrifices et ma définition du succès.

Qu’est-ce que cela révèle de notre rapport à la réussite, à la trace que nous laissons, à une vie véritablement accomplie ?

Les différentes formes d’héritage

L’héritage n’est pas seulement ce que nous laissons derrière nous.
C’est aussi ce que nous incarnons, ce que nous façonnons et transmettons au quotidien.

Trois dimensions principales :

• Héritage biologique : notre famille, nos enfants, la manière dont nous influençons et nourrissons les générations futures.
• Héritage matériel : nos réalisations tangibles, nos créations, notre empreinte professionnelle et sociétale.
• Héritage fondé sur les valeurs : nos principes, nos convictions, la façon dont nous traitons autrui — cette boussole morale que nous transmettons.

C’est souvent l’héritage des valeurs qui porte la signification la plus durable. Il ne s’agit pas de statut, mais de l’esprit dans lequel nous vivons et dirigeons.

Posez-vous ces questions :

• Qui suis-je en train de devenir à travers mon travail ?
• Quelles parties de moi-même est-ce que j’honore — ou ignore — au nom des résultats ?
• Quelle histoire suis-je en train d’écrire à travers mes choix quotidiens ?

Anticiper les obstacles : planifier l’inévitable

L’élan n’est jamais sans friction. Les distractions, la fatigue, le doute de soi feront surface.

Technique du « Si… alors… »

• Si je me laisse distraire par mes courriels, alors j’utilise un minuteur pour protéger un bloc de concentration.
• Si je me sens dépassé, alors je fais un micro-pas et je m’accorde une pause.

Anticiper les obstacles, préparer des réponses simples, c’est augmenter les chances de persévérer.

Des systèmes plutôt que la seule volonté : concevoir la constance

Le deuil et la fatigue rendent l’énergie imprévisible. Les systèmes apportent la stabilité :

• Automatisez les décisions routinières.
• Ancrez une nouvelle habitude sur une ancienne.
• Partagez vos objectifs avec quelqu’un qui vous soutient avec bienveillance.

Ce ne sont pas des astuces de productivité, mais des rituels de stabilité.
Dans les périodes fragiles, ces systèmes offrent un socle solide.

Réflexion structurée : approfondir la conscience

Les questions ouvrent la porte ; les pratiques structurées nous invitent à la franchir. Essayez :

• Journal réflexif : De quoi veux-je qu’on se souvienne de moi ? Quand me sens-je le plus aligné avec mes valeurs ?
• Testament éthique : un document qui décrit vos valeurs fondamentales, vos leçons de vie et vos souhaits pour ceux que vous aimez.
• Bilans mensuels : un moment régulier pour se demander : Est-ce que je vis en accord avec l’héritage que je veux bâtir ?

Ces rituels transforment l’intention en habitude et font de la réflexion un rythme de vie.

Le sens comme moteur : l’énergie émotionnelle

Le sens n’est pas une alternative douce à la performance. C’est le moteur émotionnel qui la rend possible.

Certains jours, vous serez concentré. D’autres, épuisé. Mais chaque petit acte aligné sur vos valeurs alimente un élan durable.

La puissance du collectif et du soutien

L’élan et le sens ne s’épanouissent pas dans l’isolement. La communauté nourrit la résilience :

• Partagez vos objectifs pour recevoir encouragement et perspective.
• Cherchez des mentors qui incarnent l’héritage que vous admirez.
• Créez des cercles de pairs qui célèbrent les victoires et accueillent les défis.

Leadership réflexif : incarner le sens à grande échelle

Pour les leaders, la réflexion personnelle façonne bien plus que leur propre trajectoire : elle influence la culture.
Les dirigeants qui clarifient leurs valeurs et agissent avec cohérence inspirent confiance et motivation.

• Dirigez avec transparence et vulnérabilité.
• Célébrez les décisions alignées sur les valeurs, pas seulement les résultats.
• Introduisez des rituels d’équipe : micro-victoires hebdomadaires, bilans mensuels sur le sens et la direction.

Un leadership réflexif crée des organisations où l’élan et le sens avancent de concert.

Créer des systèmes organisationnels pour un progrès porteur de sens

La réflexion ne devrait pas être qu’un exercice individuel. Les organisations peuvent cultiver un élan collectif en intégrant le sens dans leurs pratiques :

• Brèves réunions quotidiennes centrées sur l’intention.
• Programmes de reconnaissance valorisant les comportements alignés.
• Rétrospectives d’équipe axées sur l’apprentissage plutôt que le blâme.

Quand la réflexion devient systémique, elle renforce à la fois la culture et les résultats.

Appel à l’action : recommencer, durablement

L’héritage ne se construit pas en bonds spectaculaires, mais dans le calme des choix répétés, dans le courage de recommencer encore.
Surtout quand l’énergie manque, l’enjeu n’est pas d’en faire plus, mais de faire ce qui compte.

Points clés :

• La motivation est éphémère, le sens peut se nourrir et durer.
• De petites actions intentionnelles créent un véritable élan.
• L’héritage n’est pas une destination : il se façonne dans nos choix quotidiens.
• Les systèmes, le soutien et la réflexion transforment les idéaux en habitudes durables.
• Diriger avec sens demande vulnérabilité, rythme et communauté.

Message final

Commencez là où vous êtes.
Par un micro-pas, une pause intentionnelle, ou une question sincère sur votre héritage.
Le progrès n’est pas une affaire de vitesse, mais d’alignement.

Si vous ressentez la lourdeur de la mi-année, prenez ce moment comme une invitation à ralentir, réfléchir et vous réaligner.
Car le sens ne se précipite pas : il s’enracine.

Votre prochaine étape

Choisissez une micro-action aujourd’hui qui reflète la personne que vous devenez.
Posez-vous une question plus profonde : Quelle part de mon héritage suis-je en train de construire maintenant ?

Et si vous souhaitez clarifier votre chemin ou être accompagné dans cette démarche :
Réservez un appel gratuit de 30 minutes pour explorer à quoi pourrait ressembler un élan porteur de sens pour vous.

Le sens n’a pas besoin d’échéance.
Il a besoin de votre présence, et du courage de recommencer.

References:

Amabile, T.M. and Kramer, S.J. (2011). The Power of Small Wins. [online] Harvard Business Review. Available at: https://hbr.org/2011/05/the-power-of-small-wins.

‌Lehrer, J. (2010). Will I? [online] WIRED. Available at: https://www.wired.com/2010/07/will-i/ [Accessed 28 Jun. 2025].

McBain, S. (2024). The big idea: should you blame yourself for your bad habits? [online] the Guardian. Available at: https://www.theguardian.com/books/2024/mar/04/the-big-idea-should-you-blame-yourself-for-your-bad-habits? [Accessed 28 Jun. 2025].

Cet article a d’abord été publié en anglais dans Brainz Magazine sous le titre “Momentum and Meaning – Reigniting Drive Through Reflection and Legacy